Incontournables dans l’imagerie du rap français, les figurants souffrent d’un cruel manque de considération, notamment financière, comme le révèle une enquête du Bondy-Blog.

Le Bondy Blog a publié ce week-end une immersion dans l’univers des figurants dans des clips de rap français. On découvre un univers précaire, où la plupart des productions cherchent à réduire les coûts liés aux modèles. La rémunération est donc instable, et varie selon les conditions du tournage. En gros, indique l’enquête, une prestation « classique », « habillée ou en maillot de bain », est rémunérée 150 euros. Le prix peut monter jusqu’à 200 euros pour un shooting en lingerie, puis entre 250 et 500 euros pour les « twerkers ».

Cependant, la grille tarifaire reste très aléatoire, et dépend de nombreux facteurs. La taille de la production, d’abord: « Entre 5 000 et 7 000 euros, c’est un petit budget, et entre 15 000 et 30 000, c’est un budget classique, explique Camille Bedon, fondatrice de la maison de production MA NIA FILMS, chez Bondy-Blog. Mais le clip est au bas de la chaîne. Alors que les publicités pour les grandes marques coûtent des centaines de milliers d’euros pendant quelques secondes. On est toujours niveau budget ric-rac, donc payer les heures supplémentaires c’est compliqué.

“Maintenant je suis payé 250 euros, avant c’était 500 euros par clip”

Au-delà de la rémunération, les figurants signalent aussi des conditions de travail parfois compliquées, que ce soit la durée du tournages ou les services qui leur sont proposés. Lihliaa se souvient notamment d’un long tournage avec Booba, dans un théâtre, où il faisait froid, sans rien manger ni boire. Elle s’en était également plainte à l’artiste, qui avait fait remonter les inquiétudes à la production:”Il a dit:’Comment faites-vous votre budget mais il n’y a ni nourriture ni boisson ?’Il a été choqué, il a paniqué avec la production. Alors ils nous ont tout ramené !”.

L’enquête pointe les failles d’un environnement complexe, où les contrats sont rares, et où les modèles évoquent aussi une montée de la concurrence au sein de l’environnement qui tire les prix vers le bas.”Maintenant je suis payé 250 euros, avant c’était 500 euros par clip”, relaie Ruby, une figurante. De quoi même permettre aux maisons de production de promettre une rémunération basée uniquement sur la visibilité,”mais les vues ne paient pas mon loyer !”, tonne Ruby. L’intégralité de l’enquête est à retrouver sur le site de Médiapart.

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